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À la maison, Maman et patronne

Indépendantes Près d’une entreprise sur six est créée par une mère de famille dans notre pays. Grâce à Internet, les «mampreneurs» parviennent à les diriger depuis chez elles.

Comme l’ex-top model Racha Fajjari (voir ci-contre), de nombreuses femmes se sont mises à leur compte après être devenues mères. On les appelle les mampreneurs, les mamans entrepreneurs. Devenues leur propre patronne, elles peuvent concilier au mieux travail et responsabilités familiales. Au début des années 1990, plus d’une femme sur deux abandonnait sa carrière pour se consacrer entièrement à ses enfants (voir infographie en page 19).

Inégalités tenaces

Bien qu’inscrite dans la Constitution fédérale depuis 1981, l’égalité hommes femmes était loin d’être acquise.

Le 14 juin 1991, les femmes ont cessé le travail partout en Suisse pour exiger l’égalité salariale. Vingt-cinq ans plus tard, elles n’ont toujours pas obtenu gain de cause. D’après l’Office fédéral de la statistique, les femmes exerçant dans le secteur privé gagnent en moyenne 15% de moins que leurs collègues masculins. Et si le travail à temps partiel et l’interruption de l’activité professionnelle peuvent expliquer en partie ce phénomène, il n’en subsiste pas moins un écart de salaires difficile à justifier. Lorsqu’elles deviennent mères, les femmes rencontrent toutes sortes de problèmes dans le monde du travail: «Le retour à la vie professionnelle devient de plus en plus compliqué», confirme Katell Bosser, présidente de l’association mampreneures.ch. La plupart du temps, elles se voient confier un travail ne correspondant pas à leurs compétences.

Et le fait d’être maman tout en restant une «bonne employée» représente un défi. Bien des familles sont tributaires de structures d’accueil de jour dotées d’horaires fixes et rarement ouvertes au-delà de 18h30. Dans une entreprise où la motivation se mesure en fonction du temps de présence, les mères en font les frais.

Dur de retrouver un emploi

Après leur congé maternité, rares sont celles qui retrouvent leur ancien poste, notamment parce qu’il était impossible de réduire le taux de travail. «Et certaines entreprises tentent de décourager les mères en leur imposant des horaires de travail intenables», révèle Katell Bosser.

De nombreuses femmes ont du mal à trouver un nouvel emploi, certaines entreprises hésitant à recruter des mères ayant des enfants en bas âge. L’argument le plus souvent avancé est que si l’enfant tombe malade – ce qui arrive fréquemment au cours de la première année –, la mère ne peut pas venir travailler. «Après la naissance de mes deux filles, j’ai passé dix-huit mois à chercher un nouvel emploi. Mais personne ne souhaite engager une mère de jumelles», raconte Zrinka Sanjic, qui s’est alors lancée en indépendante (lire en page 18). Son cas est fréquent. «Depuis longtemps déjà, on assiste à une augmentation du nombre de femmes se mettant à leur compte», confirme Walter Regli, directeur général de startups.ch. Cette société spécialisée en création d’entreprises en ligne compte près de 50% de mères de famille parmi ses clients.

Selon la société de conseil aux entreprises Bisnode D&B, 40000 start-up ont vu le jour en Suisse en 2015. Parmi les créateurs d’entreprises se trouvaient 14000 femmes. Si l’on se base sur l’estimation de Walter Regli, selon laquelle près de la moitié de ces femmes ont des enfants, cela signifierait qu’environ 7000 sociétés ont été fondées par des mères en 2015. Autrement dit, près d’une entreprise sur six a été créée par une mampreneur.

Flexibilité appréciable

Le fait d’être indépendantes offre de la souplesse aux mères. Nombre d’entre elles peuvent travailler depuis la mai- son. «Cela permet d’être plus flexible. Les mères peuvent être près de leurs enfants quand ils sont malades. Il en va de même pour les vacances scolaires: grâce à leurs horaires et un poste de travail flexibles, les mères ont du temps pour leurs enfants», souligne Gudrun Sander, professeure en économie d’entreprise. Revers de la médaille, difficile de séparer travail et loisirs lorsque le lieu de travail et la maison sont sous un même toit. En outre, il faut compter un certain temps avant que l’entreprise soit rentable.

Débuts difficiles

Au début, il faut beaucoup de travail et de passion pour un faible revenu. «Il est préférable de disposer d’une marge de manœuvre financière pour pouvoir se mettre à son compte. Pour éviter de se disperser, il est important de se fixer un délai pour le succès de l’entreprise: environ deux à trois ans», conseille Gudrun Sander. Il se peut que son entreprise ne fonctionne pas aussi bien qu’on l’aurait pensé. Seule une start-up sur deux parvient à se maintenir à long terme sur le marché. Comme les mères travaillent le plus souvent à temps par- tiel, leur entreprise est viable lorsqu’elle a passé le cap des cinq ans.

Les mampreneurs dont nous avons tracé le portrait en sont à des stades différents du développement de leur entreprise.

Racha Fajjari fait partie de celles dont l’entreprise a passé le cap fatidique des cinq ans. Elle incarne la mampreneur par excellence qui, avec la discipline nécessaire, a su transformer une bonne idée en succès commercial. Elle reste modeste: «Je dois mon succès à la solidarité entre mamans. La manière dont elles m’ont encouragée et recommandée est tout simplement incroyable.» ●

POUR LANCER SON ENTREPRISE

  • Premier conseil: établir un business plan. Déterminez la forme juridique qui vous convient le mieux. Indiquez clairement la situation financière, le régime de retraite et les assurances.
  • Prendre suffisamment de temps pour planifier la création de l’entreprise. Pour ce faire, mettez votre période de grossesse à profit.
  • Il faut organiser la garde des enfants. Votre progéniture ira-t-elle à la crèche pendant que vous travaillerez à la maison ou avez-vous une alternative?
  • Entourez-vous de personnes qui soutiennent votre projet. On a parfois besoin de l’aide de tiers pour se motiver.
  • Apprenez à déléguer. En tant que mère et cheffe d’entreprise, vous ne pouvez pas tout gérer toute seule. Et ayez recours à votre réseau!
  • Plusieurs guides et autres formations vous permettront d’apprendre tout ce qu’il faut savoir pour créer sa propre entreprise.

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