Etre Maman (ou Papa) en Suisse aujourd’hui: plus facile ou plus difficile qu’avant ?
Assaillis d’infos de toutes parts
Les parents n’ont jamais eu accès à autant d’informations qu’aujourd’hui, et cela ne nous a jamais autant déboussolés qu’aujourd’hui ! Voici quelques exemples : votre bébé pleure ? Votre ado claque les portes ? Votre conjoint prétend que vous êtes laxiste ou au contraire, bien trop strict ? A toutes ces difficultés vous trouverez, grâce à internet, quantité de solutions… contradictoires.
Le progrès à grands pas
De même, grâce à internet, vous serez au courant de la marche du monde 24 heures sur 24, et vous pourrez également suivre la vie de vos proches (apparemment bien plus exaltante que la vôtre…) ou celle d’illustres inconnus sur les réseaux sociaux. Grâce à internet, vous pourrez même acheter l’eau du bain d’une influenceuse (entre autres choses). On n’arrête pas le progrès.
Bref, avoir des enfants aujourd’hui n’est probablement pas plus simple qu’avant, malgré la « modernité » de notre société contemporaine. Passons en revue un peu plus en détail certains éléments qui peuvent peser sur la vie des parents d’aujourd’hui sans même que vous vous en rendiez compte, avant de lister quelques pistes qui vous aideront à préserver votre santé mentale.
Un monde encore plus incertain qu’avant
Depuis le Covid, nos certitudes sur le fonctionnement « normal » du monde et de notre société ont été bouleversées. Il s’agit là d’une sorte de traumatisme – le mot est peut-être fort, mais en tous les cas à titre individuel, il y a eu nombre de personnes et de familles qui l’ont vécu comme un traumatisme.
Globalement, notre confiance envers le monde a été fragilisée. Et élever ses enfants à l’ère post-Covid, c’est se confronter à encore plus d’incertitude qu’avant, voire pire : faire face à la quasi-certitude que les choses n’iront pas mieux dans un bref avenir. La guerre en Ukraine et les perspectives climatiques inquiétantes nous le rappellent quotidiennement.
Bref, actuellement nous savons beaucoup de choses grâce aux médias et aux réseaux sociaux, mais nous n’avons pas plus de pouvoir sur les événements pour autant !
Un rapport différent à la parentalité aujourd’hui, et des enfants différents
Outre les difficultés du monde et les ennuis que les familles vivaient déjà dans le passé (problèmes financiers ou professionnels, difficultés scolaires, soucis de santé, etc.), s’est ajouté le souhait voire l’obligation aujourd’hui de « réussir » sa parentalité. On a (la plupart du temps) choisi d’avoir des enfants, comme on peut choisir un métier ou une nouvelle voiture, et on s’investit dans ce projet avec des attentes, somme toute, élevées.
Pas tous des génies
Résultat ? Toutes les difficultés qui se présentent dans l’éducation ou dans la relation avec les enfants se présentent comme un obstacle à la réussite de ce projet. Alors qu’avoir des enfants est, au départ, un mécanisme régi par la nature pour perpétuer l’espèce, non pour créer des Mozart à la chaîne. Cela fait du bien de s’en souvenir pour relâcher la pression !
Cumul des soucis
Sans compter, enfin, que les enfants d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier : élevés dans un monde différent, ils sont eux aussi différents… ou en tous les cas, leurs caractéristiques sont perçues de manière plus fine. On espère d’eux une forme de « normalité » voire de performance, alors que nous mesurons bien plus qu’avant leurs particularités – sans pour autant avoir la capacité ou les moyens de nous y adapter parfaitement : hypersensibilité, TDHA, dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, dyscalculie, troubles du développement ou encore haut potentiel intellectuel etc.…
Bref, la société moderne nous donne autant d’informations censées nous aider que de nouveaux problèmes à résoudre !
Pour faire face, un océan d’optimisme, goutte après goutte
Ce tableau est bien sombre mais une des forces de l’être humain, c’est de pouvoir diriger ses pensées, agir en conséquence et de la sorte, influencer le cours des événements. Voici quelques domaines dans lesquels vous pouvez agir afin de ne pas laisser l’obscurité envahir la lumière. May the force be with you !
Des principes à suivre
NB : en tous les cas, le simple fait de se mettre en mouvement et d’agir est un moyen reconnu pour diminuer l’inquiétude. Il n’est pas nécessaire de respecter les principes qui suivent à la lettre, ni même de les suivre tout court, l’important est de faire quelque chose pour montrer à votre cerveau que vous avez un certain pouvoir sur votre vie.
- Diminuer votre exposition aux actualités et aux réseaux sociaux
On le sait tous, notre consommation quotidienne d’écrans est excessive de manière générale. Elle est surtout problématique lorsqu’elle est passive et qu’elle nous abreuve d’informations inutiles, anxiogènes ou qui nuisent insidieusement à notre sentiment de valeur personnelle. Sans compter que tout le temps passé derrière les écrans, c’est moins de temps en famille, avec des amis ou consacré à des tâches réellement utiles ! A quand un contrôle parental sur les écrans, pour les parents ?
- Agir au niveau individuel et lâcher prise sur le reste… ou s’investir concrètement
Être parent, c’est s’inquiéter aussi bien du repas du soir que des devoirs de la semaine prochaine ou de l’état du monde dans vingt ans. Or, plus l’objet de notre inquiétude est vaste ou lointain, moins s’inquiéter est utile ! Il est donc urgent de faire la part des choses : se concentrer sur les problèmes sur lesquels nous pouvons agir ici maintenant, et lâcher prise sur le reste… ou s’investir dans la vie publique, politique ou associative, pour faire bouger les choses.
- Créer volontairement des petits moments de joie avec vos enfants…
…et les savourer avec intensité, comme un bon chocolat chaud crémeux. On ne peut pas toujours éviter les émotions négatives, mais on peut les contrebalancer avec des émotions positives pour stabiliser sa vie intérieure. De la même manière que renifler son bébé ou regarder ses enfants dormir suscite en nous une réaction chimique bienfaisante, organiser et savourer des petits moments sympas, 5 minutes à la fois, permet de mieux supporter les contrariétés inévitables de la vie avec des êtres humains dont le développement n’est pas terminé…
- Remettre à l’honneur le concept de « la mère suffisamment bonne »
Vous nourrissez votre bébé au biberon au lieu de l’allaiter ? Quelle chance d’avoir du lait en poudre ! Vos enfants ont un lit douillet, dont les draps n’ont pas été changés depuis plusieurs semaines ? Quelle chance, ils ont un lit douillet où dormir. Ils mangent souvent de la purée et des saucisses, mais pas de légumes ? Quelle chance, ils ont à manger, et quelqu’un qui leur prépare ce qu’ils aiment ! Vous saisissez le concept : les enfants ont besoin de soins, d’attention et d’affection, mais ils sont capables de parfaitement bien grandir dans un environnement imparfait.
Cet article a été rédigé par Isabelle Gattlen.
Avec Multiples et Compagnie, Isabelle Gattlen aide les parents qui ont des jumeaux ou des enfants avec moins de 4 ans d’écart entre 0 et 10 ans, à arrêter de crier, de culpabiliser et à retrouver le plaisir de vivre ensemble.